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Littérature et histoire du moyen-âge

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Le roman de Renart (extraits)

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1Le roman de Renart (extraits) Empty Le roman de Renart (extraits) Dim 19 Fév - 16:22

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Prologue :


Messieurs, vous avez entendu de nombreux contes
que beaucoup de conteurs vous ont racontés,
comment Pâris ravit Hélène,
les maux et la peine qu'il en eut,
l'histoire de Tristan que la Chèvre a écrite
qui est fort bellement racontée,
et des fables et des chansons de geste,
des romans sur lui et sa lignée,
et beaucoup d'autres contes par nos contrées.
Mais vous n'avez jamais entendu parler de la guerre
qui fut extrêmement dure
entre Renart et Ysengrin,
qui dura tant et fut si acharnée.
Ces deux seigneurs, c'est la pure vérité,
ne s'aimèrent jamais,
il y a eu maintes querelles et maintes batailles
entre eux, c'est la vérité.
Je vais maintenant commencer l'histoire
de leur tapage et de leur dispute.
Vous allez entendre à présent le début,
le pourquoi et par quelle embrouille
il y a eu entre eux deux un manque de confiance.
Écoutez donc si cela ne vous ennuie pas,
je vais vous raconter pour le plaisir,
comment ils apparurent,
ainsi que je l'ai appris en lisant,
qui furent Renart et Ysengrin.
J'ai trouvé jadis dans un reliquaire
un livre, qui avait pour nom Aucupre.
Je trouvais là de nombreux récits
sur Renart, et d'autres choses
dont on doit bien parler, et j'ose.
A coté d'une grande lettre vermillon
je trouvais là maintes merveilles.
Si je ne l'avais pas trouvé dans le livre,
j'aurais tenu pour ivre
quiconque aurait dit une telle aventure;
mais on doit croire les écritures.
C'est à bon droit qu'il meurt de honte,
celui qui n'aime pas les livres ni ne les croit.

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Renart vole les jambons


Il ne passe pas longtemps
avant que Renart vienne tout doucement
dans sa maison quand il est en train de dormir;
il la découvre sous le faîte.
Par sa grande force et les assauts de tout son corps,
il en fait sortir les trois jambons à l'extérieur.
Il les emporte dans sa maison,
puis les découpe en morceaux,
et les met dans son lit, à l'intérieur de la paillasse.
Ysengrin se lève de bon matin;
il voit sa maison découverte
et constate la perte de ses trois jambons :
« Aïe !, dit-il, dame Hersent,
on s'est joué de nous outrageusement. »
Elle saute sur ses pattes comme une folle,
toute nue et décoiffée.
« Mon dieu, dit-elle, qui a fait ça ?
C'est là un dommage insensé et horrible. »
Il ne savent sur qui faire porter les soupçons,
il ne reste plus à tous deux qu'à se mettre en colère.
Quand il a fini de manger,
Renart s'en va tout joyeusement
dans leur maison pour se distraire.
Il trouve son oncle tout triste :
« Mon oncle, dit-il, qu'avez vous ?
Je vous vois pensif et irrité.
— Cher neveu, dit-il, il y a bien de quoi.
Mes jambons sont perdus, tous les trois,
j'en ai le cœur plein de douleur et de colère. »
— Oncle, dit-il, vous devez l'annoncer maintenant.
Si vous dites le long de la rue
que vous avez perdu cette viande,
après ni parent, ni ami, ni amie
ne vous en réclamera jamais.
— Cher neveu, fait-il, je te le dis pour de vrai,
je les ai perdus, et ça me pèse. »
Renart répond : « Je n'ai rien entendu de tel avant,
celui qui se plaint mais n'a pas du tout mal.
Je sais bien que vous les avez mis en lieu sûr
par crainte de vos parents et amis.
— Dis donc, fait-il, tu te moques ?
Par la foi que tu dois à l'âme de ton père,
tu ne crois donc pas ce que je dis ?
— Racontez quand même, dit Renart, continuez ainsi.
— Renart, lui dit dame Hersent,
Je pense que vous n'êtes pas sensé;
si on ne les avait pas perdus,
jamais on n'en refuserait, fût-ce à un moine.
— Dame, dit-il, je le sais bien
que vous avez beaucoup de malice et de ruse.
D'ailleurs, tellement il y a perte,
vous avez même découvert votre maison,
dites maintenant qu'ils sont sortis par là.
— Par Dieu, Renart, les faits sont ainsi. »
Renart répond : « C'est ce que vous devez dire.
— Renart, je n'ai pas envie de rire;
ça me pèse qu'ils soient perdus,
nous avons eu là un grand dommage. »
Là-dessus Renart s'en va joyeux,
et eux restent là à se plaindre.
Ce fut un des exploits de jeunesse de Renart.
Depuis, il a tant appris en ruse et en malice,
qu'il a causé par la suite bien des ennuis,
et à son oncle et à autrui.

Les exploits de jeunesse de Renart

(texte original )

Ne demora mie granment
Que Renart vint tot coiement
En sa meson quant il dormi,
Sus el feste la descovri
Par tel vertu assaut ses cors,
Les trois bacons en gita fors;
En sa meson les enporta,
Et par pieces les despeça,
En son lit les mist en l'estrain.
Ysengrin est levez bien main,
Il vit sa meson descoverte
Et de ses troi bacons la perte :
Ahi ! dist il, dame Hersent,
Conchïé sonmes laidement.
Ele saut sus conme desvee
Toute nue et eschevelee;
Diex, dist ele, qui a ce fait ?
Ci a estout, donmage et lait.
Ne le sevent sor qui souchier,
N'a entre eus deus que coroucier.
Conme ce vint aprés mengier,
Renart s'en vint esbanoier
En la meson mout lieement,
Son oncle trove mout dolent.
Oncle, dist il, que avez vos ?
Pensis vos voi et corouços.
Biau niez, dist il, bien sai de qoi,
Perdu sont mi bacon tuit troi,
S'en ai au cuer dolor et ire.
Oncle, dist il, or devez dire,
Se vos dites a val la rue,
Que cele char aiez perdue,
Puis ne vos en rovera mie
Parent ne ami ne amie.
Biax niez, fet il, por voir te di,
Perdu les ai, ce poise mi.
Renart respont, ainz n'oï tal,
Tiex se plaint n'a mie de mal.
Bien sai qu'en sauf les avez mis
Por voz parenz, por voz amis.
Di va, fet il, es tu gabierre ?
Foi que tu doiz l'ame ton pere,
Et ne croiz tu ce que je di ?
Tout tens dites, dist Renart, si.
Renart, ce dist dame Hersens,
Je cuit vos estes fors du sens;
Se nos nes eüssons perduz,
Ja escondit n'en fust renduz.
Dame, dist il, je le sai bien
Que mout savez d'art et d'engien;
Nequedent tant i a de perte,
Vo maison avez descoverte,
Or dites par la en sont tret.
Par Dieu, Renart, si sont il fet.
Renart respont, ce devez dire.
Renart, n'en ai talent de rire;
Ce poise moi qu'il sont perdu,
Grant donmage i avon eü.
Atant s'en va Renart joianz,
Et cil remestrent tuit dolenz.
Ce fu des enfances Renart.
Tant aprist puis d'engin et d'art,
Que il en fist puis maint anui
Et a son oncle et a autrui.

Les enfances Renart (1)


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Renart vole les anguilles

Sur ces mots ils prennent les devants
ils le chargent dans la charrette,
puis se mettent en route.
L'un et l'autre s'en font une grande joie,
ils se disent déjà ce qu'ils feront de lui,
et que ce soir dans leur maison
ils lui retourneront le paletot.
Ce ne sont là que des bavardages
et cela fait sourire Renart,
car il y a loin entre le dire et le faire.
Il se couche à plat ventre sur les paniers;
puis en ouvre un avec ses dents,
et, sachez le bien, il en retire
plus de trente harengs.
Il vide presque le panier
car il les mange très volontiers.
Il ne réclame ni sel ni sauge,
et plutôt que de s'en aller
il va jeter son hameçon ailleurs,
sans la moindre hésitation.
Il s'attaque à l'autre panier,
il y met son museau, et ne manque pas
d'en extraire des anguilles.
Renart qui connait tant de tours,
met trois chapelets autour de son cou.
Pour ce faire, Renart ne fait pas le sot :
il passe son cou et sa tête au travers
des chapelets, et les arrange
sur son dos pour qu'il soit bien couvert.
Désormais il peut abandonner l'entreprise.
Il lui faut maintenant chercher un moyen
pour redescendre à terre.
Il ne trouve ni planche ni marchepied.
Il s'agenouille tout exprès
pour examiner à son gré
comment il peut sauter par terre.
Alors il s'avance un petit peu
et se lance les pattes en avant
de la charrette sur le milieu du chemin.
Il emporte son butin autour de son cou.

Comment Renart mangea le poisson des charretiers

Texte original :

A cest mot se sont avancié,
En la charete l'ont chargié,
Et puis se sont mis a la voie.
Li un a l'autre en font grant joie
Et dient ja n'en feront el,
Mes enquenuit a lor ostel
Li reverseront la gonnele.
Or ont il auques la favele,
Mes Renart n'en fet que sourire,
Que mout a entre fere et dire.
Sor les paniers se gist adenz
Si en a un overt as denz,
Et si en a, bien le sachiez,
Plus de trente harenz sachiez.
Auques fu vuidiez li paniers,
Qu'il en menja mout volentiers.
Onques n'i quist ne sel ne sauge,
Encor ançois que il s'en auge
Getera il son ameçon,
Il n'en ert mie en soupeçon.
L'autre panier a asailli,
Son groing i mist, n'a pas failli
Qu'il n'en traisist fors des anguilles.
Renart qui sot de tantes guiles,
Troi hardiaus mist entor son col.
De ce ne fist il pas que fol :
Son col et sa teste passe outre,
Les hardeillons mout bien acoutre
Desor son dos que bien s'en covre :
Des or puet il bien lessier ovre.
Or li estuet enging porquerre
Conment il vendra jus a terre.
N'i trove planche ne degré.
Agenoilliez s'est tot de gré
Por esgarder a son plaisir
Conment il puisse jus saillir.
Lors s'est un petit avanciez,
Des piez devant s'estoit lanciez
De la charete en mi la voie,
Entor son col porte sa proie.


Si conme Renart manja le poisson aus charretiers

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La pêche aux anguilles : comment Ysengrin fut pris dans la glace

Ça se passe un peu avant noël
quand on met les jambons dans le sel.
Le ciel est clair et étoilé,
et l'étang est si gelé,
là où Ysengrin doit pêcher,
qu'on peut danser dessus,
mis à part un trou qui est là
que les paysans ont fait.
Un seau y a été abandonné.
Renart arrive tout joyeux,
et il appelle son compère :
« Seigneur, fait-il, venez par ici.
Il y a là quantité de poissons,
et aussi l'ustensile avec lequel on pêche
les anguilles, les barbeaux,
et autres bons et beaux poissons. »
Ysengrin dit : « Seigneur Renart,
prenez le donc par un côté
puis attachez-le moi bien à la queue. »
Renart le prend puis le lui noue
autour de la queue du mieux qu'il peut.
« Frère, fait-il, il faut maintenant vous
comporter très adroitement
pour que les poissons arrivent. »
Il s'enfonce alors dans un buisson,
puis met son museau entre ses pattes
de manière à voir ce que fait le loup.
Ysengrin, lui, est sur la glace,
le seau dans le trou d'eau
rempli de glaçons; ça commence bien !
Sa queue est dans l'eau gelée
et scellée dans la glace.
Celui-ci cherche à soulever
le seau qu'il croit pouvoir tirer vers le haut.
Il s'y essaye de plusieurs façons,
mais ne sait comment faire, alors il s'inquiète.
Il se met à appeler Renart,
qui ne veut plus rester là,
car déjà l'aube a percé.
Renart lève la tête
puis ouvre les yeux et le regarde :
« Seigneur, fait-il, abandonnez donc votre tâche,
allons-nous en, très cher ami,
nous avons pris assez de poissons. »
Alors Ysengrin lui crie :
« Renart, fait-il, il y en a trop !
J'en ai tant pris que je ne saurais dire combien. »
Et Renart se met à rire,
puis lui dit carrément :
« Celui qui convoite tout, perd tout. »
La nuit passe, l'aube perce,
au matin le soleil se lève,
les chemins sont blancs de neige.
Alors monseigneur Constant des Granges,
un vavasseur bien aisé
qui demeure au bord de l'étang,
se lève avec sa maisonnée,
qui est toute gaie et joyeuse.
Il prend un cor et appelle ses chiens,
puis ordonne de mettre sa selle,
tandis que sa maisonnée pousse des cris.
Renart l'entend, alors il prend la fuite
jusqu'à sa tanière et s'y engouffre.
Ysengrin, lui, reste dans l'embarras,
et il fait de grands efforts, et il tire,
peu s'en faut que sa peau ne s'arrache.
Mais s'il veut partir d'ici
il lui faudra se séparer de sa queue !

Comment Renart fit pêcher les anguilles à Ysengrin

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